Humain et fraternel

Ivan (1952)

Je suis venu en stage à Nogaret en 1969. J’étais surtout avec Erwan, pour le yoga ; je filais, je cardais, je creusais de passages pour les bêtes.

Un jour j’ai eu l’occasion de rencontrer Shantidas qui s’est approché de mon chantier. Ce fut le moment le plus fort de tout mon séjour : un échange complètement humain et fraternel entre nous, en pleine nature, au moment du rappel de la conscience quand sonne la cloche. Il m’a confié là quelque chose d’extrêmement utile pour ma vie, sentant sans doute toute la violence vécue dans ma famille : – « Tu vois, l’énergie qu’on a dans la colère et dans la haine, cette énergie très forte, la non-violence consiste à la prendre et à la mettre au service de tes convictions et de tes valeurs, plutôt que contre les gens. »

 

J’étais alors en révolte et en fugue, mais j’ai fui la violence pour m’enraciner dans l’école de la non-violence. J’ai mis mon énergie dans la musique et dans la poterie, ce qui est devenu ma vie.

Shantidas était un homme familier, la rencontre avec lui était toute simple, la relation avec lui était fraternelle. Je pense qu’il avait besoin de ce genre de relation. Il m’a confié son propre regard sur lui-même, son regret de ne pas avoir su éviter d’être « le patriarche ». Il aurait préféré ne pas être ce personnage, mais rester un homme ordinaire. Moi je ne surestimais pas Lanza, mais je pense qu’il souffrait d’être vu par beaucoup comme un être à part, du fait de son statut, son expérience, ses écrits.

 

Mon père était très loin de l’application de la non-violence, mais il avait des livres de Lanza dans sa bibliothèque. Grâce à la sophrologie, j’ai pu digérer mon histoire et renouer une relation très forte avec mon père, au point de recevoir, un an avant sa mort, son pardon très sincère et bouleversant.