Un coup de cœur
Quand j’étais pensionnaire et lycéenne, j’étais seule le samedi soir chez ma sœur et mon beau-frère. J’écoutais des musiques de l’Inde, alors peu connues, et je lisais Lanza. Ce fut pour moi un coup de cœur. Depuis que je ne croyais plus au « petit Jésus », il ne restait de Noël que le réveillon et c’était terriblement triste. En découvrant les écrits de Lanza, l’espoir renaissait. J’ai dit à mes parents qu’un jour je le rencontrerai.
C’est en Janvier 1956 que j’ai pu assister à une conférence. J’avais juste vingt ans. Il était magnifique, très beau : le dehors comme le dedans. Cette apparence qui gênait certains était pour moi très importante : le sens de la beauté, malgré une extrême pauvreté. Je me suis aussitôt inscrite au groupe d’amis de l’Arche, puis j’ai rejoint la communauté à Pâques.
Il m’est difficile de dire qui étaient Shantidas et Chanterelle, tant ils étaient proches. Ils étaient mes parents ! C’est aussi simple que ça. Je n’ai jamais eu de relation très personnelle avec Shantidas et j’avais peu de chose à dire quand il m’interrogeait sur ma méditation. Par contre j’avais repéré un livre dans sa bibliothèque et j’ai osé le lui demander.
Chanterelle m’impressionnait par son côté bouillonnant, par exemple quand elle vendait les tissages avec des arguments que je trouvais trop persuasifs, et qu’elle rétorquait à mes reproches : « Ma petite fille, il faut faire bouillir la marmite ! » Mais j’étais dans l’admiration devant sa voix et son chant. Mon passage à l’Arche m’a menée au Christ et à l’Église, ce qui est la vocation de l’Arche et de Jean-Baptiste.